Depuis plusieurs années déjà, les salariés avaient bien l’habitude de l’entretien d’évaluation annuel, cet entretien qui n’est pas obligatoire, et qui permet de créer un espace d’échange et de bilan entre les salariés et les managers de l’entreprise.
En général, cet entretien est utilisé pour faire un point sur l’année écoulée.
Mais depuis la nouvelle loi sur la formation professionnelle, un nouveau type d’entretien vient d’être introduit.
Cet entretien remplace tous les entretiens obligatoires auparavant, tel que l’entretien de seconde partie de carrière, et il devra avoir lieu tous les deux ans, quelle que soit la taille de l’entreprise.
Faisons ensemble un point sur ce nouvel entretien professionnel et sur ses modalités de mise en œuvre.
Qui est concerné ?
Tous les salariés de toutes les entreprises sont concernés, et ce, quel que soit l’âge des salariés, ou quel que soit le nombre de salariés dans l’entreprise.
L’objectif de cet entretien
Contrairement à l’entretien annuel d’évaluation, qui vise à évaluer le travail effectué par le salarié au cours de l’année, c’est à dire, les missions et activités réalisées, les difficultés rencontrées, les points à améliorer etc… ce nouvel entretien professionnel portera sur les perspectives d’évolution professionnelle du salarié, notamment en terme de qualification et d’emploi.
Il s’agira ainsi non pas d’une démarche managériale de l’employeur mais bien d’une obligation légale destiné à contrôler que l’employeur respecte son obligation de former.
Modalités de mise en œuvre
A l’embauche et tous les 2 ans
C’est lors de l’embauche que le salarié devra être tenu informé des modalités de cet entretien professionnel, qui aura lieu tous les deux ans.
Suite à une absence prolongée
Cet entretien professionnel devra également être systématiquement proposé, suite à toute absence prolongée du type :
- congé de maternité
- congé parental d’éducation
- congé de soutien familial
- congé d’adoption
- congé sabbatique
- période de mobilité volante sécurisé
- arrêt longue maladie
Tous les 6 ans
Tous les 6 ans, l’entretien comportera également un bilan supplémentaire correspondant aux 6 dernières années écoulées. Cet état des lieux permettra également de vérifier si le salarié à au moins suivi une action de formation, acquis des éléments de certification, effectué une démarche de VAE ou bénéficié d’une progression salariale ou professionnelle.
Comment le mettre en place ?
Afin de se conformer à la loi et d’avoir fait bénéficier l’ensemble de ses salariés de ce nouvel entretien avant le 5 mars 2016, il importe pour les entreprises d’établir une feuille de route et de dessiner les contours de ce nouvel entretien.
Ainsi, les questions à régler porteront sur les conditions de réalisation de l’entretien :
- qui doit réaliser cet entretien ?
- faut-il des modalités différentes entre les entretiens qui auront lieux tous les deux ans et ceux qui auront lieu tous les 6 ans ?
- à quelle période de l’année effectuer cet entretien ? faut-il l’effectuer à date anniversaire ?
- au regard des objectifs de l’entreprise (respecter la loi, mettre en place une politique de GPEC ou une politique RH plus ambitieuse…) quels seront les contenus de cet entretien ?
Dans tous les cas, l’entretien devra donner lieu à une formalisation, puisqu’un compte rendu écrit devra être délivré au salarié. Un modèle de formalisation écrit allégé peut être également fourni par les OPCA.
En cas de non-respect des obligations de formation ?
Si le bilan réalisé au bout de 6 ans met en évidence des lacunes en matière de formation, absence d’actions de formation, de VAE ou de progression, des mesures pourront être prise à l’avantage du salarié. Ainsi, dans les entreprises de plus de 50 salariés, dans ces conditions, le salarié pourra bénéficier d’un « abondement correctif » de son compte personnel de formation. L’entreprise devra alors créditer le compte du salarié de 100 heures de formations (ou 130 heures si le salarié est à temps partiel) en versant la somme correspondante à son OPCA.
Ainsi, ce nouvel entretien professionnel devrait entraîner une responsabilisation de l’entreprise et donner de nouveaux droits aux salariés. Il ne s’agit plus d’une simple obligation de mise en œuvre de la professionnalisation des salariés, mais bien d’une obligation de résultat.
Outre la mise à plat du financement de la formation professionnelle, les nouveaux outils proposés par la réforme de la formation professionnelle (ce nouvel entretien professionnel, mais aussi, le Compte Personnel de Formation) seront tout autant d’aides au service de la progression professionnelle et formalisant l’obligation de formation par l’employeur de ses collaborateurs en qualité d’employeur et la reconnaissance de nouveaux droits pour les salariés